BlackRock ne fait jamais rien sans plusieurs couches de validation stratégique, surtout dans un secteur aussi controversé que celui des crypto-actifs. Contrairement à ce qu’une lecture superficielle pourrait laisser penser, ce retard n’est pas une hésitation : c’est une décision volontaire et hautement tactique.
Pourquoi la firme BlackRock évite un ETF trop explosif
Le gestionnaire d’actifs évalue le ratio risque/rendement réglementaire de chaque produit crypto bien avant le dépôt officiel auprès de la SEC. Or, dans le cas de XRP, ce ratio est toujours défavorable. Même après le jugement partiel favorable de juillet 2023 dans l’affaire opposant Ripple à la SEC, l’agence n’a jamais officiellement abandonné son hostilité envers le XRP. Et pour BlackRock, cela suffit à geler tout lancement.
Le spectre d’un revirement de la SEC
Des sources proches des discussions internes évoquent une crainte forte d’un revirement politique en cas d’alternance à la présidence américaine fin 2025. Si la SEC change de tête (Gary Gensler pourrait être remplacé), le nouveau régulateur pourrait réengager une offensive juridique contre Ripple ou déclarer le XRP « security » de manière rétroactive. Dans ce cas, un ETF déjà lancé deviendrait une bombe à retardement pour BlackRock.
C’est pourquoi Larry Fink préfère attendre une résolution juridique claire et définitive. Tant qu’il subsiste un risque de reclassement du XRP comme « titre financier non enregistré », l’ETF reste hors de portée.
L’effet miroir des ETF Ethereum
BlackRock observe avec attention l’accueil de son ETF Ethereum spot. Or, malgré une adoption prometteuse, les volumes restent en deçà des prévisions. Cela renforce un enseignement stratégique : seul Bitcoin, à ce stade, génère une demande institutionnelle massive. XRP, avec sa réputation sulfureuse et sa base communautaire clivée, est perçu comme un pari asymétrique. Il pourrait exploser… ou imploser.
Voir aussi: XRP face aux marchés financiers, une introduction en Bourse aux conséquences systémiques
BlackRock ne veut pas d’un produit trop volatile, trop exposé à un échec réglementaire ou trop lié à un émetteur (Ripple Labs) encore dans le collimateur de la SEC. De plus, l’absence d’un narratif narratif consensuel autour de XRP le rend difficile à marketer auprès des investisseurs institutionnels.
Une exposition détournée déjà en place
Un autre point passé sous silence. BlackRock s’expose déjà indirectement au XRP via ses investissements dans des entreprises comme Coinbase et Circle. Ces plateformes détiennent du XRP ou en facilitent les échanges. Ce qui permet au gestionnaire d’en profiter sans prendre le risque d’un produit dédié.
Certaines sources industrielles suggèrent même que BlackRock attend la tokenisation des actifs réels sur XRP Ledger (Real World Assets, RWA). Notamment, pour justifier un dépôt « hybride », potentiellement structuré. Et ce, comme un ETF multi-actifs tokenisés, incluant XRP mais sans l’isoler comme sous-jacent exclusif.
Le rôle opaque de Ripple
Enfin, l’attentisme de BlackRock pourrait aussi cacher une guerre d’influence silencieuse entre Ripple et les grands gestionnaires d’actifs. Ripple n’est pas neutre : elle possède des milliards de XRP. De plus, son modèle d’affaires repose encore en grande partie sur sa vente. BlackRock évite un conflit de gouvernance qui pourrait nuire à son image de neutralité.
BlackRock ne retarde pas l’ETF XRP par manque d’intérêt
Tant que ces conditions ne sont pas réunies, l’ETF XRP restera un mirage stratégique — observé, analysé, mais jamais engagé.